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LE ROLE DE L'ETAT DANS LA COORDINATION DU DEVELOPPEMENT DES SYSTEMES DE POST-RECOLTE

C. HENCKES

1 Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH,
2 Coopération Allemande au Développement, Accra, Ghana

Développement de systèmes post-récolte - De quoi s'agit-il?
De nombreux gouvernements d'Afrique et d'autres continents accordent la priorité aux programmes et projets qui visent à résoudre les problèmes des produits agricoles après leur récolte. Ces programmes ont généralement pour objectifs de réduire les pertes après récolte, de générer des revenus, d'apporter une valeur ajoutée aux matières premières, de stabiliser les prix et de garantir l'approvisionnement alimentaire. Plusieurs de ces programmes mettent l'accent sur l'amélioration des technologies de stockage, de transformation et de transport. A part l'impact positif des technologies améliorées, le succès de ces programmes a parfois été terni par leur approche techniquement restreinte et isolée. Les diverses disciplines techniques, économiques et sociales impliquées se sont concentrées sur leur propre domaine professionnel, ont tenté de mettre en avant leur grande aptitude à "résoudre le problème" et ont entravé les échanges et la préparation d'approches plus complexes.
C'est sur cette toile de fond qu'une nouvelle approche a été conçue au cours des dernières années par des organismes nationaux et internationaux tels que la FAO, l'IITA, la GTZ, le CIRAD, le NRI, le GASGA. Cette approche se résume au Développement de systèmes post-récolte (GTZ, 1994; Marchie Sarvas, 1994; Reusse, 1995; Fleischer et al., 1995; Post Harvest Systems, 1997) et souligne les interactions et les relations qui existent entre les diverses activités effectuées après la récolte, notamment la manutention, le transport, le stockage, la protection, la transformation et la commercialisation.

Les projets de lutte contre le grand capucin du maïs constituent un exemple type de cette nouvelle situation. Dans les années 1980, immédiatement après l'introduction de ce ravageur exotique d'Amérique centrale en Afrique, les travaux avaient été axés sur les aspects entomologiques et sur les mesures de lutte possibles et nécessaires à ce stade. Dans les années 1990, tous les insectes nuisibles ainsi que tous les autres problèmes rencontrés dans les greniers à maïs des paysans ont été examinés et des approches plus complexes et intégrées ont été recommandées.

Un changement dans le rôle du gouvernement
En suivant cette approche du point de vue d'une institution gouvernementale, deux questions se posent:

1. Quel est le rôle de l'administration publique et des ministères sectoriels, et
2. Comment l'État doit-il se structurer de manière à jouer son rôle?

Le rôle de l'État en tant que maillon actif de la chaîne post-récolte s'amenuise. Les bureaux de commercialisation sont fermés et les sociétés de transformation sont privatisées. Toutefois, l'État se doit de renforcer son rôle dans l'optimisation du cadre de développement, en concevant des stratégies de développement et en coordonnant les projets et les programmes (voir tableau 1). Il doit le plus possible éviter de s'engager directement dans la mise en œuvre des programmes. Ceux-ci devront être exécutés par des ONG et le secteur privé. Dans ce cadre, les ONG sont des organisations locales telles que les associations de producteurs, de commerçants et de transporteurs, les groupes d'entraide, les organisations confessionnelles et politiques. Les universités et les centres de recherche conduisent des essais à la demande de l'organisme chargé de la coordination des programmes. Afin de pouvoir planifier et concevoir des stratégies et des politiques, il est indispensable que le gouvernement obtienne des informations détaillées sur les résultats du suivi et de l'évaluation ainsi que les rapports d'activités des agences d'exécution (ONG), et qu'il dialogue directement avec les acteurs du secteur privé. Dès lors que les Systèmes Post-Récolte sont sous la tutelle de plusieurs ministères sectoriels, il convient d'assurer et de bien gérer la communication entre ces ministères. Des représentants des ONG chargées de l'exécution et du secteur privé devront être associés dans les unités de coordination du gouvernement.

Tab. 1

Tâches du Gouvernement, des ONG et des sociétés privées dans le développement de Systèmes Post-Récolte.

Gouvernement

ONG

Sociétés privées et particuliers


Assurer la communication entre les ministères et les départements
sectoriels
Exécuter les projets (ex. améliorations techniques, recherche) Intervenir dans le commerce, le stockage, la transformation, le transport, etc.
Fournir informations au secteur
privé et aux ONG
Fournir au Gouvernement les
résultats du S&E des projets
Former des associations (ONG) et
des groupes de pression
Définir les stratégies de
développement
Faire la médiation entre le
Gouvernement et le secteur
privé
Exécuter les projets (par ex. améliorations techniques)
Fournir des infrastructures
Législation et système fiscal
Entretenir les infra-structures de recherche (universités et centres
de recherche)

Coordination du développement des systèmes post-récolte
Pour pouvoir accomplir leur tâche et assurer une approche holistique, les institutions gouvernementales devront mettre en place un groupe de travail ou d'intervention pluridisciplinaire pour le développement de systèmes post-récolte. Certains aspects devront être pris en compte dans la formation de ce groupe de travail:

*

Les objectifs du groupe de travail doivent être définis de manière aussi détaillée et transparente que possible pour toutes les institutions et organisations impliquées. Le groupe de travail examine les projets prévus ainsi que ceux en cours, et assure la conformité de ces projets avec le plan stratégique global et leur coordination. Tous les membres de ce groupe devront avoir égalité de voix. Cependant, différents projets ou activités pourront être délégués à des professionnels dans les domaines respectifs en qualité de "chefs d'activités". Les chefs d'activités rendent compte au groupe.
* Les objectifs du groupe et les projets bénéficiant de l'appui doivent être entièrement intégrés dans les programmes de développement nationaux, par exemple les Programmes d'Investissements dans le Secteur Agricole.
* Dans les pays où des structures politiques décentralisées existent, le groupe devra travailler au plus bas niveau de prise de décisions - par exemple au niveau des districts, des régions, des zones - plutôt qu'au niveau national. Cela facilitera le travail du groupe, le rendra plus réaliste et permettra d'optimiser les contacts entre le niveau de planification/coordination et le niveau d'exécution.
* Le groupe de travail devra fonctionner avec son propre budget afin qu'il puisse prendre ses décisions en toute indépendance vis-à-vis des budgets des départements concernés.
* Le groupe de travail doit avoir des termes de référence bien précis pour la coordination des activités post-récolte au niveau du district, de la région et du pays. L'intégration organisationnelle du groupe dépend des principaux objectifs définis. Il convient ici de présenter trois grands modèles: le "modèle politique", le "modèle produit" et le "modèle paysan".

Dans le modèle politique (voir fig. 1), le groupe de travail est directement rattaché à l'autorité chargée de la planification générale et est mandaté par celle-ci. Les ministères et les ONG impliqués y affectent du personnel et l'administration générale octroie le financement. La tâche principale du groupe dans ce modèle consisterait à concevoir des stratégies pour les systèmes post-récolte, lesquelles iront alimenter la planification globale du développement régional/national.

Fig. 1 Le Modèle Politique FIG 2_8 B (9 KB)

Dans le modèle produit (voir fig. 2), le groupe de travail est une unité de soutien relativement indépendante. La mission est partagée par les ministères et organismes de tutelle. Les ministères détache du personnel et fournissent d'autres moyens au groupe de travail. Le travail a pour but d'optimiser toute la chaîne des opérations post-récolte pour un produit agricole donné (axé sur le produit) dans un pays ou une région. Il n'y a, pour ainsi dire, pas de priorités définies pour certains acteurs ou certaines zones (producteur/consommateur ou zone urbaine/rurale). L'analyse des systèmes post-récolte spécifiques aux produits constitue une activité importante. Les interventions qui en découlent pourraient alors être exécutées par un ministère / une organisation compétent(e).

Fig. 2 Le Modèle Produit. FIG 2_8C  (9 KB)

Dans le modèle paysan (voir fig. 3), le groupe de travail est rattaché au ministère de l'Agriculture et mandaté par celui-ci. Les responsables de différents départements et des autres institutions sont représentés. Les fonds sont octroyés par le ministère de l'Agriculture. Le travail porte principalement sur le ménage rural en niveau villageois (axé sur l'acteur). Le groupe de travail coopère selon les besoins avec les autres ministères et organisations qui ont des expériences spécifiques.

Fig. 3 Le Modèle Paysan. FIG 2_8D (9 KB)

Le modèle paysan présente l'avantage d'être relativement facile à mettre en place, puisque les discussions concernant la mission, les objectifs et l'organisation du groupe de travail ne se déroulent que dans un seul ministère. Nombreux sont les cas où le savoir-faire nécessaire dans les disciplines est disponible (voir tab. 2). Le ministère peut mettre en place différents groupes de travail pour des sujets hiérarchisés. Dans l'exemple donné à la figure 3, le ministère de l'Agriculture a mis en place des groupes de travail sur l'élaboration de stratégies agricoles, sur la fertilité des sols, sur les systèmes post-récolte et sur la fourniture d'intrants et de crédits. Ces groupes sont installés pour un certain temps (mois ou années) jusqu'à ce que les objectifs soient atteints et/ou d'autres thèmes soient jugés plus prioritaires. Cette organisation offre une réponse extrêmement souple aux problèmes et exigences qui risquent de surgir. Dans le cas du Groupe de travail Post-Récolte, les experts de thèmes comme les cultures, l'élevage, le génie rural, les statistiques et la vulgarisation constitueraient des "chefs d'activité" pour différentes interventions. L'inconvénient du modèle paysan réside dans le fait que la concertation avec les autres ministères restent limitée et ponctuelle, de même que la prise en compte des autres acteurs et parties prenantes qui ne sont pas basés au village.

Tab. 2

Mise en place de groupes de travail au ministère de l'Agriculture (modèle paysan).

 

 

Groupes de travail

Discipline

Élaboration de stratégies

Fertilité des sols

Systèmes post-récolte

Intrants & Crédits

Cultures

   

Lutte contre les ravageurs

 

Élevage

   

Traction animale

 

Génie rural

   

Transformation Transport

 

Statistiques & Information

   

Informations sur le marché

 

Vulgarisation

   

Encadreur pour les acteurs

 

Références

Fleischer G., Waibel, H. & Dirksmeyer, W., 1995. Future Priorities in Post Harvest Systems
Development - The Role of Donor and Development Agency Support with Special Reference to GASGA. Presentation at the annual meeting of GASAGA, 12-14 June 1995 in Eschborn on behalf of GTZ.
GTZ 1994. Documentation of the Workshop "Analysis of Post Harvest Systems", July 5  and 6,
1994, Eschborn, Allemagne.
du Marchie Sarvas, C., 1994. Improving the Quantity and Quality of Food on the Way to the
consumer - A Conceptual Framework for Planning the Steps from Production to Consumption with Special Reference to Operations in the Post Harvest Chain, Draft, FAO, Rome.
Post Harvest Systems, 1997. Post Harvest Systems - The Newsletter for Post Harvest  Systems

Development in Africa, Editor’s Note, Ibadan, March 1997.

Reusse, E., 1995. Post Harvest Systems (PHS) Analysis and Development - A Strategy for
Assistance. Report à la GTZ, Eschborn, Allemagne.

 

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